Jérôme
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Jérôme
Agé de neuf ans, Jérôme, perd trois de ses membres à la suite d'un accident en tracteur “Je tenais une corde accrochée à une machine, mon bras droit et une de mes jambes ont été arrachés sur le coup. Mon autre jambe a du être amputée."
Hospitalisé durant quatre mois dans un centre hospitalier toulousain, le garçon subit de lourdes opérations, dont de nombreuses greffes : “C’était très douloureux. Pour faire les pansements, j’étais endormi deux fois par semaine, puis plongé dans une baignoire pour grands brûlés. Depuis, je n’ai quasiment plus de peau sur la cuisse. De nombreuses cicatrices l’ont remplacée.”
S’en suivent quatre mois supplémentaires dans un centre de rééducation en
Haute-Garonne : “Là-bas, j’étais le chouchou. Bien sûr, c’était difficile de repartir de zéro, de tout réapprendre. Mais je garde bons souvenirs de ce séjour !” Grâce à ses premières prothèses, en peau de cheval et dotées d'un pied en bois, le jeune aveyronnais gagne progressivement en autonomie.
De retour chez lui, le garçon de dix ans, affronte une nouvelle vie, celle d’un amputé triple habitant en campagne : “Il y a trente ans, dans un village, être un gamin avec cette particularité ce n’était pas tous les jours facile. A l’époque, les gens portaient un regard très différent sur le handicap.” Souvent contraint à affronter de la malveillance, le jeune Jérôme se forge un caractère d'acier, “avec le temps, j’ai réussi à faire de ma fragilité une force ".
Une combativité, qu’il doit à ses parents confie-t-il : “des agriculteurs aveyronnais, qui ne disposaient pas des informations qui circulent aujourd’hui sur le handicap. Pourtant, ils ont été magiques. Ils ont toujours eu l’intelligence de ne pas me surprotéger mais de m’apprendre à me débrouiller par moi-même.”
Depuis son accident, il y a plus de trente ans, les prothèses et le fauteuil de Jérôme l’accompagnent en tous lieux : “à la maison, au boulot, en voyage... Même sur les photos avec les potes, on les aperçoit toujours dans un coin !”
""Il y a trente ans, en campagne, être un gamin handicapé, ce n'était pas évident."
Aveyron, 1984